LE CORPS QUI PARLE
Mon corps a une faculté improbable, il me parle.
Il manifeste ce qui lui va, ce qui ne lui convient pas.
Suis-je seule à pouvoir l’entendre ou d’autres autour de moi entendent le leur également ?
Au début c’était étrange, je l’avais toujours pensé muet… détaché de ma conscience, dissocié du cœur, de l’âme il se manifestait souvent avec beaucoup de violence.
Des douleurs, de l’inconfort, des raideurs, des torsions… il fallait qu’il m’appelle, il faisait tout son possible sans que jamais ça ne m’interpelle.
Depuis toujours j’avais appris à ne pas m’écouter… S’écouter c’est pas ce qui se faisait… Mais où est le trop, quand on sait que le pas assez peut tuer ?
Sans tomber dans l’extrême inverse, qui a un jour décrété ces mots insensés qui m’ont misé toutes ces années à l’écart de moi-m’aime ?
À trop se renier on s’éloigne de sa nature, on se retire avec trop de ratures.
À trop s’oublier, on se perd dans l’invisible, on s’exécute au lieu d’enfiler son armure.
Mon corps a une faculté incroyable, il me parle. Il sait, il dit, il réagit, il se soigne, il se répare. Il connaît les formules, il maîtrise les mesures… c’est lui qui est aux manettes, c’est lui qui me protège… il n’en tient qu’à moi de lui rendre la pareille.
Chaque manifestation est un signe, un blocage, une crainte. Il est une merveilleuse machine bien plus technologique que celles à qui nous sommes en train de confier notre avenir et qui nous robotisent.
Il est un trésor. Il est même le premier !
Il sait dire ce à quoi je dois être attentive et lorsque les voyants s’éteignent, je sais que c’est parce que j’ai retrouvé l’équilibre… la bascule qui se fait avec l’aide de l’esprit. C’est le duo indissociable pour se remettre d’équerre, le duo indiscutable pour ne pas anticiper le cimetière.
Mon corps a une faculté merveilleuse, celle d’être avec moi.
Il est mon ami qui agit pour m’amener le plus loin possible, me garder en bonne santé et repérer ce qui m’affaiblit…
Il est l’allié le plus précieux que j’ai, car sans la santé où pouvons-nous aller ?
Alors avant de se plaindre et de se lamenter, ayons une pensée pour ceux qui donneraient tout pour être à notre place. Par respect pour ceux qui souffrent, prenons davantage soin de nous… eux savent ce qu’ils ne recommenceraient pas si on leur en donnait le choix ?
Pensons à tous ceux dont le corps hurle, tant il n’a pas été entendu dans ses premiers murmures… et donnons-leur notre soutien, nos sourires et un peu de paix ?
Nous sommes là, nous allons bien… que peut-il nous manquer que nous ne saurions plus apprécier !?
Elody