HORS D’ÉTAT DE VIVRE
À force d’abattre les forêts, les fossés se remplissent de toutes les lourdeurs accumulées.
Et lorsque les pluies de privation s’abattent, la terre glisse… elle coule vers des inégalités qui se creusent en profondeur avec de plus en plus de douleurs.
Essorés comme des éponges depuis trop longtemps desséchées, on nous demande de regarder avec courage le verre qui n’est plus rempli de rien… le verre dans lequel on noie nos larmes pour oublier que vivre n’existe plus, que l’on survit à peine dans tous nos drames.
On nous parle toujours de demain sans qu’on ne puisse finir aujourd’hui… on nous parle toujours d’avenir, alors qu’on désespère de voir le futur et la terre s’anéantir.
On nous demande d’accepter les poches des riches qui débordent sans aucune élégance… et souvent je me demande comment dans le miroir, ils peuvent se regarder.
Ce n’est pourtant pas la richesse à foison que les Français demandent, mais juste de la dignité !
Comment avez-vous pu croire que ceux qui souffrent et qui peinent à payer leur toit resteraient doux et calmes, alors que peu à peu ces gens sont mis hors d’état de vivre ?
À force de tirer sur les fils, ils se rompent, c’est inéluctable.
Les gens n’ont plus rien à perdre et tout s’emporte !
On peut ne pas être en accord avec toutes les idées, moi la première j’en prends et j’en laisse… mais lorsqu’on a un peu de cœur ou lorsqu’on a connu de près ou de loin les affres de la galère… la solidarité muette de savoir ce que c’est, se lève et soulève les souvenirs des difficultés de la misère.
Lorsqu’on compte le moindre sou,
Lorsqu’on pleure la nuit en se demandant où se trouve l’issue du cauchemar et comment faire pour s’en sortir, Lorsqu’on se prive pour nourrir ses enfants sans ne jamais pouvoir leur offrir un petit plaisir… ça ne ressemble pas à la vie !
Ce n’est pas la vie !
Les travailleurs pauvres, les retraités délaissés, les jeunes abandonnés… ça ne devrait pas exister…
La colère gronde dans les crevasses de l’injustice.
Ce ne sont pas ceux qui ont le moins qu’il faut braquer davantage.
Tout est à l’envers, tout part à contre-sens.
Comment est-il possible que les plus privilégiés défiscalisent tout, que les grands groupes ne payent aucune taxe, aucun impôt…
Est-il si difficile de voir où se cache le véritable scandale ?
Le peuple dit en chœur que cela a assez duré !
Rien ne justifie cependant l’irrespect, le vandalisme… rien ne justifie de détruire la mémoire et l’Histoire… rien ne justifie la violence qui ne fait que s’alimenter à l’infini de la débilité.
Ceux qui cassent n’ont rien à défendre hormis les extrêmes dont ils sont habités.
La violence n’est pas acte d’intelligence et ne le sera jamais.
À force d’encaisser et se taire,
À force d’être soumis à l’enfer de la survie mensuelle, À force de se priver de tout, À force de ne pas être écouté, entendu… À force d’être oublié… le vase déborde de tous les côtés sans qu’aucune fleur ne puisse l’en empêcher.
Pressés comme des agrumes, il ne reste plus rien… ni jus ni pulpe… un zeste de courage pacifiste… et un gilet jaune pour retrouver un semblant de soleil optimiste.
Se monter les uns contre les autres ne sera pas efficace.
Les forces de l’ordre souffrent aussi de leurs conditions de travail déplorables. Ils doivent accepter, encaisser et se taire ! Eux n’ont même pas le droit de se rebeller, descendre dans la rue pour manifester… Tous ne sont pas des anges, il y a des cons partout, mais ne nous trompons pas de cible.
Quelle est la logique à tout ça ?
Quels sont les arguments capables d’expliquer la folie qui nous a menée là ?
Mesdames, Messieurs les responsables, ne faites pas l’erreur de vous croire tout puissants.
Prenez garde à l’importance des masses, car vous ne mesurez pas de quoi elles sont capables !
Face à la douleur, l’Histoire a montré que l’homme se transforme en bête sauvage.
Prenez-soin du peuple… arrêtez de croire que nous sommes tous des attardés… car vos idées, vos concepts ne sont rien, sans ces « petites mains » qui oeuvrent pour les réaliser.
N’oubliez pas que vous n’êtes rien, sans ceux dont vous vous moquez de la valeur !
Elody