LES DUNES DU ZÉPHYR

« Oasis perle d’émeraude,
Posée sur les hanches rondes du désert,
Berceau de silence et de fraîcheur,
Tu apaises mon âme et mon cœur »
Qui depuis bien longtemps rôdait sans bonheur.

Les mois s’enlacent… Je vis dans un endroit qui ne porte pas de nom.
Un lieu qu’on ne trouve sans autre carte que celle des astres dans la nuit noire… à la lumière des voix froides.

Les caravaniers vont et viennent,
Laissant s’abreuver les dromadaires au milieu des quelques chèvres résidantes de ce havre de paix.
Ils parlent entre eux un dialecte qui dicte les courants des vents et mets en sommeil la colère des serpents, en dégustant du thé.

La chaleur écrase mon encre, mais ici je suis bien.
Depuis le temps que je marche, que je croise des villes et des villages… parmi ces gens je suis chez moi, enfin.

J’ai passé ma vie à fuir,
À reprendre pour ne pas souffrir.
J’ai passé ma vie à compter les heures, avant de pouvoir les oublier.

Ici le zéphyr glisse sur les dunes,
Entre les feuillages denses des palmiers dattiers, Et j’attends le matin où dans un mirage, tous les jours elle apparaît.

Elle porte au dessus de sa tête une jarre émaillée d’un bleu saphir.
Ses poignets sont habillés de bracelets qui tintent et qui scintillent sous le regard d’Osiris.

Et j’observe les plis de sa robe tour à tour rose, bleue, jaune, orange ou verte et ce voile qui ondule derrière elle.
Il effleure la candeur de son visage,
Il se meurt sur ses épaules, dorées par la chaleur de ses secrets…
Il est un nuage bien délicat qui permet de suggérer sa beauté sans vraiment l’afficher.

Je feins de ne pas la regarder.
Caché derrière mes pages qui tremblent, je reconnais la silhouette d’une gazelle discrète qu’il ne faut pas effaroucher.

Le brun de ses cheveux se confond de chaînettes en or qu’elle porte entre les mèches qui tombent sur son menton… un lotus blanc posé comme un bijou sur son oreille.

C’est pour admirer le plus beau des paysages que j’ai posé là mes bagages.
Lever les yeux, la tête baissée pour la voir entrer les pieds dans l’eau fraîche, qui jusqu’aux chevilles la baigne.
Revoir la superposition des voiles qui traînent dans ses pas humides en épousant sa silhouette quand elle s’en va…
Laissant ses mains peintes au henné libérer des gouttes d’eau qui glissent le long de ses bras caramélisés.
Il faudrait être fou pour rêver d’un ailleurs plus parfait.

Elle est princesse d’un décor céleste, et moi je ne suis ni sultan ni marchand ni bédouin… un simple voyageur… un petit bout de rien.

Elle, est fille de Roi.
Promise à un royaume où le sable devient or et révérence juste avant l’aube et le crépuscule.
Elle rejoindra bientôt son rang dans la douceur du levant et la tendresse du couchant funambule.
Lorsque que toutes les étoiles conviées à ses noces feront d’elle une femme sacrée comme un trésor…
Alors le paradis fera pencher la bascule.

Il ouvrira ses portes pour accueillir la plume de sa noblesse sur les rives du Nil…
Et martèlera son âme en hiéroglyphes sur les temples de la Vallée des Reines.
Comment vouloir partir ou fermer les yeux sur le rêve…. sous mes yeux naît une déesse immortelle.

Elody

À Jean-Louis Seguier qui m’a proposé de tricoter un texte avec une première phrase imposée.