BULLES DE GOMME

Se pourrait-il que quelqu’un sache m’expliquer pourquoi le monde se ment avec un tel acharnement ?

J’ai souvent le sentiment qu’autour de nous, certains nous prennent pour des boules de gomme. Vous savez ces petits chewing-gums joliment emballés qui sentent bon la fraise, le citron ou la chlorophylle mentholée.
Parfois lorsque la vie manque de tendresse, on chute… Démunis, on se retrouve prisonniers de bulles humides que font les autres de leur venimeuse salive.
Quand la vie devient trop dure, ce sont les besoins et les manques qui deviennent les responsables impuissants de nos dérives… ce sont eux qui nous guident.

Entre nous, qui a déjà été épargné d’une mauvaise rencontre… de quelqu’un qui n’a fait qu’aspirer le goût sucré de ses meilleurs arômes, de sa joie et toute sa volonté à construire quelque chose de beau ?
Car la gomme, avec le temps s’est faite moins tendre. Elle a perdu de son goût, de son attrait et de sa nouveauté.
Le temps est venu pour elle de se faire jeter, pour être remplacée par un autre parfum plus attrayant.

Le piège de l’idéalisme s’est refermé sur nous de toute son emprise.
Tout s’est affadi et dans la violence du rejet, on s’est fait maltraiter sous les crocs aiguisés des mâchoires de l’abandon.
Pour autant, le monde n’est pas stupide. Il tourne seulement dans le sens qu’on lui indique, celui qu’il connaît, celui qui vole et qui prend.
Les gens se cherchent, se choisissent, se consomment et se jettent sans recycler les histoires qui se réitèrent sans produire de leçons.

Mais au milieu de la douleur, existe une consolation : Ce n’était pas de l’Amour !

Car faire volontairement du mal à celui qu’on prétend aimer, c’est la parade de ceux qui ne savent justement pas éprouver… de ceux qui savent encore moins faire preuve de gentillesse et de douceur avec eux-mêmes.
La logique immuable des sentiments veut que l’on ne morde pas celui qui nous caresse.
Les poubelles du monde débordent de cœurs en miettes. Les trottoirs sont souillés d’âmes en peine, collées sous des semelles en suppliant d’être aimées pour se donner enfin le droit d’exister.

Nos univers tournent sans morale ni repères autour de la rancoeur et des relations amères… La gravitation de toutes ces expériences a détruit la confiance. Nous refusons maintenant de nous l’accorder puisque tant d’autres l’ont déjà détruite et bafouée.
Le scénario reste le même… on se pose des chaînes, plutôt que des questions qui brassent la défaite pour la défaire.
Je ne veux pas d’un monde où les hommes sont de la gomme à mâcher les sentiments périmés… qu’ils trouvent dans des distributeurs de hasard.

À ces bulles d’apparence trop sophistiquées, je préfère les douceurs en bonbonnières de verre, celles des artisans qui mettent du choix et autant de qualité de bien faire.
Je préfère la rareté et l’unicité des gens qui donnent et qui continuent d’y croire, malgré la douleur et tout l’inconfort laissé par les larmes.

Rien ne m’est plus imbuvable que celui qui exige de l’autre ce qu’il est incapable de lui donner…
Le monde appartient aux confiseurs de bonheur, aux faiseurs de bonté ?
à tous ceux qui aiment avec le cœur, ceux qui s’engagent, ceux qui s’impliquent et qui font tout pour le révolutionner… pour le pire, mais surtout vers le meilleur.

Elody