TA PEAU CONTRE LA MIENNE

Quand je laisse dérouler la bobine des souvenirs, je me demande souvent si j’ai eu le temps de réfléchir.

Entre nous, tout est allé si vite… je suis monté dans notre histoire qui est partie à fond de train. Elle m’a menée dans mes entrailles, là où on dépose l’armure et les armes.
À trop vouloir m’échapper de moi, je me suis perdue contre toi, j’ai mis des chaînes à mes liens.

Il n’y avait pas de réveil à nos matins, plus d’espérances entre nos mains.
Il y avait cette vitesse incontrôlable et la sensation que tout irait bien.

Je savais pourtant que le temps était précieux. Celui de s’apprendre, celui de s’attendre… je savais qu’il était bon de le prendre et le serrer plus fort contre mon cœur pour l’empêcher de glisser. Mais dans le vacarme de ce wagon fou sur les rails, tu n’as pas su, tu n’as pas pu m’entendre et dans la précipitation, je suis tombée là où tout fait trop mal.
À trop vouloir m’enfuir de mon histoire, je me suis brisée contre toi.

Y’avait-il un moyen de se raccrocher à la locomotive, de ralentir le rythme ?
Y’avait-il un bouton ou un levier magique que je n’ai pas actionné ?
Y’avait-il un moyen de faire autrement que comme cela s’est terminé ?

À trop vouloir fermer les yeux, j’ai perdu le sens de la vue, j’ai déraillé.
À trop vouloir t’aimer, c’est moi que j’ai renié. Je me suis perdue contre toi, ta peau contre la mienne… et mon cœur s’est glacé avant d’éclater en larmes de verre.

Elody