MON IMPOSSIBLE
« Comment est-il possible que tu ne sois plus de ce monde alors que j’arrive encore à respirer un oxygène saturé de ta présence ?
Mon encre saigne, tout mon corps m’entraîne dans ma peine et mon âme te réclame… Je te cherche sans cesse, je suis les courants d’air pour espérer rattraper le parfum de ta peau qui s’exile… le son de ta voix qui emprunte déjà lui aussi, les couloirs de l’oubli.
J’ai pas vu le temps passer, je l’ai même pas regardé.
Je te croyais immortelle et je n’ai pas pensé à profiter de tous les instants que nous aurions dû graver. Je n’ai pas su balayer les incompréhensions et éviter ces disputes néfastes et ridicules qui nous ont fait perdre trop de temps.
Je me suis absentée de la réalité en n’imaginant pas que tu pourrais t’en retirer… et là seulement, face au gouffre… je réalise ce que c’est d’Aimer.
Jamais on envisage le vide, jamais on ne pense à l’absence de ceux qui comptent, jamais on se dit que ce jour avec eux, pourrait être le dernier… et lorsque cela arrive, la douleur dévaste d’un feu féroce tout ce qu’il nous reste.
La main que nous avions tenue par habitude jusque-là devient aussi précieuse qu’un talisman qu’on ne pourra jamais plus retrouver.
On habite un monde dans lequel on ne sait plus s’orienter, on évolue dans une vie en eaux troubles à la recherche du perdu désespéré.
Le plus important, c’était le présent… les instants qui s’appelaient « maintenant ».
Je te demande pardon pour n’avoir pas compris avant !
J’aurai voulu t’aimer avec l’amour que je ressens depuis que tout est terminé.
J’aurai voulu te donner ce que je possédais de plus important : de la présence… celle grâce à qui on crée et on accumule les souvenirs que rien ne prend.
J’aurai voulu te dire toutes ces choses qui resteront à jamais suspendues dans les silences que j’accrocherais désormais aux étoiles de mes nuits… Par-dessus tout, j’aurai voulu n’avoir rien à regretter… Je suis déboussolée, je me sens abandonnée… je « fais » pour ne pas penser, mais ici tout me rattrape… dans notre maison, tout revient en faisant délirer ma raison. Tu es partout.
Je peux pas, je ne vais pas y arriver….
Je n’ai pas d’issue à ma tristesse, elle me hante, elle me possède, elle m’étrangle… tant tu me manques. »
Elody
Extrait de mon premier roman « L’ENVERS DU MIROIR »