LES FEUILLES DÉCLINENT EN RÉVÉRENCE
Ça y est les jours s’estompent, ils s’enveloppent dans leur cape de brume en m’emportant avec eux.
Il faut transiter, s’adapter et modifier son rythme…
Tandis que l’heure recule, je sens le syndrome hivernal me contaminer d’envies d’hibernation, de chocolat, de réconfort et de chaleur entrelacées.
Cet élan fait de paresse, de frilosité, de repli autant que de besoin de tendresse… je l’appréhende pourtant chaque année.
Comme la sève qui descend dans les racines de l’arbre pour le régénérer, je perds moi aussi en énergie… je prends mon ascenseur interne pour un voyage vers le dedans. Quelque chose demande à se replier… se pourrait-il que ce soit pour mieux respirer, aller se revigorer ?
Est-il possible que je sois reliée à ce monde, à cette nature qui borde les villes bondées bien plus que je ne le crois en vérité ?
Le jour a besoin de la nuit, l’hiver ne peut exister sans été.
Le cycle des saisons est infini, les années suivent les cadences et les rythmes que nous ne faisons que subir si nous ne savons pas nous adapter.
Les feuilles se décrochent, elles tombent, elles craquent sous les pieds. Il faudra avoir la patience d’attendre que notre Mère dorme, se pose et se repose sans la réveiller.
Avant le mois de mai, la douceur viendra me sortir avec plaisir de ma tanière.
La nature bourgeonnera dans ses secrets et je me sentirais moi aussi muer, comme délestée de mon manteau de neige.
Je chercherai alors la perle au milieu des gouttes de rosée, dans ces matins où les vallées sont recouvertes de diamants par milliers…
J’admirerai et collectionnerai ces pierres précieuses et éphémères… celles qui me relient à l’instant et un peu plus à la terre.
Je n’avais jamais regardé les choses sous cet angle.
Chercher le sens dissimulé, les pièces du puzzle éparpillées de l’existence est un jeu qui me passionne.
L’envie étant de dénicher ce qui me correspond plutôt que suivre la vague de majorité qui emporte.
Alors c’est vrai, comment résister au plaisir de me mettre en retrait, de me laisser aller à cette forme de passivité épaulée de nostalgie, qui ne passe peut être pas pour rien.
Silence… Viendra le temps de rajouter un soupçon de soleil à ces jours d’aurores poudrés où le fluide et la sève regagnent à nouveau le ciel… rien ne presse, chaque saison me sert et rien ne meurt jamais.
Elody