POUR NOUS ATTEINDRE
Avant de m’endormir hier, j’ai décoché une flèche jusqu’à la onzième étoile en partant du sommeil… c’est là que s’éveillent ses rêves… c’est là, à cet endroit que se reposent ses pensées et ses peines.
À l’une des plumes, j’ai accroché un minuscule rouleau en papier de riz, sur lequel j’ai noté les coordonnées de l’azur pour qu’il vienne me retrouver.
Avant de me coucher, j’ai lissé mes cheveux avec un peigne en jade.
Je les ai parfumé en vaporisant de l’eau de lotus et de papyrus que j’ai ramené de ce voyage sur les rives du Nil. J’ai ajouté du soleil et de l’ambre sur ma peau et quelques nuages au bord de l’eau pour créer une oasis… faire de mon corps son eldorado.
Dans mes draps de velours, je me suis glissée et doucement je suis partie rejoindre les lutins et les fées qui m’attendaient pour la traversée que j’entreprends chaque nuit.
Serait-il là de l’autre côté ?
Je ne sais pas depuis combien de temps j’étais endormie, lorsque j’ai senti ses doigts se perdre dans la longueur de ma chevelure. Je n’ai pas ouvert les yeux parce que je savais qu’il me regardait. De tout son cœur, il me parcourait.
Je pouvais sentir la caresse de ses yeux me dessiner sur chaque courbe, chaque contour, chaque trait, avant que de sa main il ne m’effleure et que de sa chaleur il ne m’émeuve. Il était là, je le sentais.
Je craignais tant de briser ce fabuleux sortilège qui l’avait emmené jusqu’à moi en rêve… je craignais tant de le faire disparaître, que j’ai amputé ce sens pour ne goûter qu’à l’éphémère et inspirer le parfum dans son cou qui se rapprochait de mon émoi.
Nos visages séparés de quelques centimètres ne se touchaient pas.
Mes paupières agitées ne parvenaient pas à rester calmes et closes à la fois. C’était la création de la tension suprême… il était artiste, là où les autres étaient vulgaires.
Du bout du nez, il a touché mes lèvres. Du bout des lèvres, il a touché ma joue et le divin s’est mis à danser avec l’immortel sur le rythme le plus doux qui soit.
Il est resté longtemps à respirer mon odeur, à couvrir ma peau de baisers et de fleurs. Il est resté longtemps et je n’ai rien dit. Il était près de moi… et c’est si rarement le cas que le beau suffit.
Je sais que nous nous aimons d’une manière que peu peuvent comprendre, que moins encore sauraient vivre et supporter.
Mais c’est notre façon d’être ensemble, c’est notre façon d’être liés.
Je sais que nous sommes bien étranges… mais nous avons su protéger et défendre ce que notre essentiel représente.
Nous sommes le Toi de l’autre, nous sommes l’immensité dans notre monde, que rien ni personne ne pourra jamais nous prendre.
Et lorsque sa bouche humide se fond sur la mienne, je sais le prix de tous les sacrifices que nous devons faire pour nous atteindre.
Elody
Magnifique! Tes écris sont d’une sensibilité incroyable! A travers on se mets à rêver. Mille merci?
magnifique! très poétique!
merci pour ce beau partage