AU DÉPART DE NOTRE HISTOIRE

J’arpente l’aérogare, je m’égare à la recherche de ton regard.
Je tente de dessiner sur les gens les traits de ton visage pour croire que tu n’es finalement pas monté, dans cet oiseau géant de fer qui nous sépare.

Je marche le long des infinis couloirs.
Ils sont tellement larges que je ralentis le pas pour ne rater le passage d’aucun bagage… j’espère ta voix dans la nuque qui me dirait « je suis là ».

Combien de fois ai-je monté et descendu les escalators depuis ce matin ?
Depuis combien de temps je parcours les halls, je fixe tous ces tableaux d’arrivées et départs qui déferlent comme des fous au creux de mes failles ?

Je voudrais m’asseoir et attendre… patienter pour me réveiller.
Je voudrais suspendre toutes ces secondes, comme s’il n’était pas déjà trop tard.

Et si là je m’effondre, personne ne le verra. Les gens sont trop pressés, les gens sont si détachés de la souffrance qu’ils préfèrent souvent l’ignorer.
La tête dans les poings, je me bats avec moi-même… Si c’est ça l’amour, alors tu sais même pas tout ce que je t’aime !

Je t’ai blessé, on s’est déchirés…
Alors pourquoi ici, au milieu de la foule de mon néant, je réalise trop tard que je n’ai pas eu les bons raisonnements… que je n’ai pas laissé mon cœur prendre l’autoroute des vrais sentiments.

C’est donc ça, le genre de claques de la vie que l’on nomme des leçons ?
Quelqu’un me tapote l’épaule en me tendant un mouchoir blanc.
Dans l’aérogare, je lève ma détresse au plafond de la voix qui me parle.

« Se séparer d’une âme qu’on aime, c’est condamner son cœur à l’errance pour le restant du voyage »

Et sur ce sourire que j’ai reçu, j’ai fondu le tien… j’ai éclaté en larmes, j’ai éclaté de rire quand ta chaleur m’a prise par la main.

Elody