DESCENDRE DANS MES SECRETS

Comme j’aime me raconter des histoires, laisser les images dériver dans mon esprit en créant des suites, en refaisant les préfaces, en rejouant les sujets.
Comme j’aime me perdre dans les phrases, où tout ce que j’invente s’anime d’un décor qui défie la réalité.
Parfois, je préfère vivre de ces rêves, faire tourner mon imaginaire si fort que ma voile perd le Nord et la route des hémisphères.


Comme j’aime vivre sans chaînes ni contraintes, et me retirer là où personne ne peut me tendre de piège.
Comme j’aime être ailleurs et t’emmener dans mes jardins intérieurs.
Là où l’on se promène, là où au bord de l’eau on peut dessiner les mots à l’encre de nos lèvres.
Je ramène avec moi ces images où nos regards se sont croisés, celles où nous nous sommes envisagés, jusqu’à qu’elles deviennent des poèmes… jusqu’à qu’il n’existe plus de barrières entre la beauté de tes yeux et celle du ciel.


J’aime aller, où rien ne me déçois jamais. Dans un retrait volontaire, j’ouvre la porte d’un passage inhabité dont je suis la seule à avoir la clé.
C’est un monde magique que je protège, un monde où tout ce que je souhaite devient réel… un monde où je peux te voir quand je veux, où je peux te regarder sans que rien ne gêne… sans que la cruauté du réel ne vienne tout abîmer… sans que jamais tu ne retires ta main au creux de la mienne.


Alors je ne te laisse partir uniquement lorsque je le désire. Tout n’est qu’à moi.
Je n’ai rien à rendre, rien à prendre, rien à saisir… je voyage dans l’intemporalité qui ne connaît aucune loi.
J’idéalise les choses à ma manière, ici je suis tout ce que j’ai envie d’être.


Revenir est toujours un moment cruel.
Prise entre abandon et résistance, j’ai tendance à le ressentir comme une amputation faite de souffrance.
Alors je me reprends et j’attends l’heure de pouvoir repartir…

Repartir encore et descendre dans mes secrets, là où les horloges vivent d’un sommeil d’éternité.

Elody