ELLE VOULAIT QUE JE SOURIS
Elle, c’était peut-être la femme de ma vie. En tout cas, elle était la fée de mes jours, la marquise de mes nuits. Elle, elle avait le corps à l’amour et le cœur parapluie.
Elle avait des clochettes au bout des lèvres qui dans mes ombres, me guidaient jusqu’à elle. Elle avait cette joie enfantine qui faisait que sur un tas de ruines, elle voyait toujours la vie… elle ramenait tout à l’essentiel et c’était joli.
Elle était magie, elle était folie,
Elle était sagesse et patience, joie, tendresse et tempérance… elle était ce Tout qui fait craindre le pire quand l’existence n’a toujours fait que craquer sous le poids des absences, prises dans les glaces du passé qui n’ont jamais pu fondre. Tu vois un peu.
Elle, elle m’aimait et je n’ai pas su regarder… certaines fois je n’ai pu que voir. Je n’ai fait qu’user ses espoirs et son envie d’y croire.
Je sais qu’à cause de moi, elle a perdu de sa fraîcheur et que je suis responsable de ces rides au bord de son regard… celles qui me font dire que je n’ai pas toujours su la faire rire.
Elle, elle était toutes les destinations de mes besoins de fuite. Elle, c’était le phare que j’ai refusé de suivre. Quelle femme avant elle m’avait donné autant ? Je l’en ai remise au vent de mes regrets… tous les jours je pleure sur son visage sans l’appeler.
Elle, elle a toujours rattrapé mes excès, accepté mes excuses… en retour je n’ai jamais cessé de demander des preuves… je l’ai épuisée de doutes, de suspicions fallacieuses et piquée d’épines de jalousie, alors que je ne pensais qu’à faire glisser les pétales sur la chaleur de sa peau nue.
Vidée de son énergie, elle est morte avec notre histoire. J’ai abîmé la seule personne que je n’ai jamais aimé et tu sais pourquoi ? parce que j’avais peur… Je craignais de souffrir à la hauteur de ce qu’elle me faisait éprouver, de ne pas être à la hauteur de ce qu’elle pouvait m’admirer…
Elle était trop bien pour moi tu vois, trop pure pour ma boue et pourtant je ne rêvais que de ça… être l’homme qu’elle voyait, mais que je n’apercevais pas.
Si j’ai voulu la tester, c’était pour me rassurer. Le problème, c’est que je me rends compte que rien n’était jamais assez. Il me fallait toujours plus parce que je n’étais pas capable de croire en moi comme elle savait le faire.
Tous les jours je me regarde et je m’en veux de n’avoir pas su accepter et savourer le bonheur quand il était là, à mes pieds. Mon cœur saigne d’avoir tout saboté au lieu d’avoir eu le courage et la force de tout affronter… pour elle… C’était bien trop pour moi tout ça en fait.
Elle, elle était battante, persévérante tant, que rien ne l’arrêtait jamais.
Elle y croyait si fort tu aurais dû la voir. Comment elle faisait pour vouloir me porter, alors que je faisais tout pour écraser son toit de soutien en sautant dessus à pieds joints ?
Elle, elle avait l’envie de croire en la vie. C’était mignon et parfois insupportable… trop de paillettes, trop de foi ensoleillée et bruyante, trop de choses à faire pour conserver ce bonheur qu’elle savait saisir dans mes champs de peurs.
Je me souviens combien elle était jolie quand elle voulait que je souris.
Et dire qu’elle n’a jamais rien demandé d’autre… qu’elle n’a jamais rien voulu de plus, ça me désole.
Je suis le Roi des Imbéciles, pas de ceux qui sont cons pour le plaisir… je suis un imbécile malheureux qui a eu peur d’être trop heureux.
Elle, elle est partie ramasser sa vie en miettes, mais quoi qu’il arrive je sais qu’elle va grandir. Ça lui ressemble ça… dans chaque épreuve, grandir encore.
En fin de compte, je devrais vivre avec ça jusqu’à la fin de la mienne et pourtant toutes les nuits je l’aime. Tous les jours, je ne souhaite que son bonheur dans des ribambelles de fleurs qui pleurent. Un sourire naît malgré moi quand je pense à tout ça… peut-être que j’ai grandi aussi va savoir.
Quelques fois je pense. Je me vois la main moite fermée sur une rose, je m’imagine la rejoindre pour lui dire ces choses… et puis je me ravise… elle a bien trop souffert pour survivre encore.
Elody