FRANCHIR MES FRONTIÈRES
Après que mon cœur plein de magma ait éclaté dans la glace de l’indifférence générale, il a fallu faire face à ce champ de bataille… enfin silencieux.
Je me souviens encore combien je l’ai trouvé lourd et assourdissant, tellement étourdissant.
La guerre était terminée. Les oiseaux libres volaient ivres dans un ciel délesté de fumées.
Que restait-il sur la terre à part mon sang qui la baignait ?
Plantée au milieu de l’abandon, il me fallait à présent retrouver les débris de mon âme piétinée pour pouvoir les rassembler… mais par où commencer ?
Repasser dans les tranchées, ramper encore dans la boue torturée, glisser pour remonter les fossés … j’étais si sûre qu’une vie entière ne serait pas encore assez… j’étais sûre que mes séquelles me suivraient, que jamais je ne saurais m’en défaire.
Alors ne sachant pas où aller, j’ai erré dans ma douleur.
Au fil des ans, elle est devenue si lourde à porter que je me suis mise à oublier l’espoir d’antan. J’ai renié mes envies et tous mes projets et je l’ai traînée… longtemps… sans jamais pouvoir la soulever… un jour j’ai fini par plier.
J’ai plié sous le poids de mes horreurs, de ces images impossibles à traiter.
J’ai plié sans me débattre , j’ai plié pour me mettre en marge et ne plus exister.
La vie est une alliée étrange.
Dans les fosses de ma conscience, elle a balancé des tas de cordes mouillées pour m’empêcher de couler.
Le soir me plombait de larmes et la lune murmurait ce conte aux pages argentées qui remontait le réseau de mes veines affolées.
Elle venait saluer mes forces et m’encourager à renaître… elle venait au travers de mes ombres susurrer des « je t’aime », comme autant de prières que l’on se met à réciter… laissant un écho me raccrocher à celui de la mer :
Un écho qui me disait tout bas « Tu peux le faire ».
Reviens à toi, reviens à moi…
Reviens franchir toutes ces frontières qui te retiennent, Tu n’es plus prisonnière, tu as purgé tes peines… Aujourd’hui tu vas te relever… doucement tu vas te remettre à marcher, je vais t’aider.
Tu vas regarder ailleurs vers autre chose que le nez sur tes pieds. Tu vas te battre pour devenir magicienne… une Magicienne d’Ose et tu vas naître à ce que tu es.
Elody