JE PARS

Mes cheveux fouettent mon visage et je respire ces embruns qui me ramènent à nos souvenirs.
J’inspire ce que rien n’a réussi à gâcher, je respire tout ce que nous avons été, ce que la mort n’a pas su emporter… je t’imprime là où rien ne te retirera jamais.
Je surplombe le paysage et son immensité. J’ouvre mes poumons à l’envie de te suivre, à mon besoin de te rattraper.

Au bord de la falaise où l’herbe griffée de sel se fait fouetter par le vent dans sa colère, je regarde l’horizon assise sur une pierre.
Ciel que la nature est belle !


Si de tous temps les hommes ont été poussé par l’irrépressible à prendre la mer et à partir, je comprends l’appel de l’exil, celui de l’inconnu retenu par la soie sur un fil.
Je regarde au-devant des jours qu’il me reste à vivre et c’est toi que je vois !


Au-dessus du lit de l’océan, le bleu profond a tiré son éveil.
Je lis à sa surface les conseils laissés par le soleil qui me guident dans mes nuits sans sommeil.
Je n’ai plus vraiment peur, je n’ai plus vraiment froid.
J’ai soif de croire encore qu’il y aura de nouveaux pas, de nouvelles aurores, d’autres combats.


J’ai soif de ne pas savoir et je m’en remets à la surprise.
J’ai bien trop défié la vie pour savoir que ce n’est pas en luttant contre elle qu’on peut en guérir.
Mon cœur est un petit voilier à la surface immense de l’existence.
Il ne connaît ni ne maîtrise la profondeur de l’océan, son étendue, son infinité mais à nouveau il se sent vivant.


Je souris, ça faisait bien longtemps.
Je pars avec le vent pour d’autres voyages… je reviendrai ici graver les rochers de mes plus belles images.


Je vais vers ce nouveau départ qui souffle dans ma voile… je reviendrai un jour ici pour y déposer l’âme et la mémoire.

Elody