JE SUIS HABITUÉ

Encaisser, supporter, endosser… je suis habitué.
Angoisser, stresser, culpabiliser…
Déraisonner, ressasser, amplifier, exploser… ça aussi oui… je suis habitué.

Au fil du sablier, j’en ai assez d’être habitué à l’imparfait.
Je voudrais reconjuguer le temps qu’il me reste pour le conjurer plus que parfaitement.

Qu’ai-je donc fait pour ne pas avoir droit à un semblant de paix ?
Et si en fait c’était moi qui décidais de continuer de croire à ça ?

Je voudrais réinventer tout ce que je connais.
Recommencer, me reprogrammer, j’aimerai changer et modifier ce que je fais, enrichir ce qui me fait.

Retrouver l’émotion particulière d’un nouveau soleil qui se lève et réaliser ce qu’il me plairait de ne pas regretter quand il viendra sur moi se coucher.
Me sentir utile, faire ce qui a du sens pour moi et le suivre jusqu’à bout de vivre ?

Je voudrais m’habituer à m’apprécier juste assez pour commencer à mieux aimer cette vie.
Je voudrais m’habituer à ne plus me dévaloriser pour comprendre comment aider les autres au lieu de juger ce qu’ils me renvoient de moi et que je ne sais pas supporter.

Je voudrais m’habituer à ne plus râler, ne plus trouver des excuses, cesser de me plaindre… Regarder le verre et le remplir un peu plus que de moitié pour enfin le voir plein, au lieu de me donner des raisons de le vider.

Je voudrais m’habituer à ne plus écouter et croire tout ce que j’entends. La vie des autres n’est que leur avis, leur propre film… le mien est en tous points différent. Comment et pourquoi me comparer ? Pourquoi vouloir leur ressembler ?… Mesurer les écarts d’ignorance sur un autre vécu est impossible, même pour la bienveillance.

Je voudrais m’habituer à profiter un peu plus de l’instant, de ce qui défile là maintenant et pas derrière les écrans. Passer du temps à en prendre avec ceux qui comptent et autant que possible du bon… celui qui vaut du rire, des anecdotes et des délires dans l’album de ce qui rend puissant.

Si je le sais, si j’en ai conscience alors tout se mettra en place pour me transformer… pour se transformer au gré des mois et de nuits plus étoilées.
Peut-être que je me rendrais compte que ces habitudes me rendent mieux et meilleur… voire même qui sait qu’elles font de moi un être heureux…

Elody