LA CARESSE DE L’ÂME
Ce matin en me levant je me sentais vraiment bizarre. J’avais pas des papillons dans le ventre, c’était plutôt tout le zoo qui débarquait depuis les toboggans de ma mémoire.
J’ai bu mon café silencieux et comme ça ne passait pas et que des tas d’étoiles scintillantes envahissaient la toile du décor partout où je posais mes yeux, je me suis inquiétée et j’ai atterri chez le médecin après avoir garé mon petit nuage cotonneux au parking des diagnostics heureux.
Il a pris soin de m’ausculter sous tous les angles sans coutures et puis sans ménagement, il m’a lâché que j’étais atteinte d’un syndrome très rare : la caresse de l’âme !
Je suis restée un peu bête avec mon lapin en peluche collé contre ma tête.
Il a dit que cette affection n’arrivait pas souvent et que même si je le voulais, je ne pourrais pas m’en défaire.
Mais lorsqu’il a dit qu’il n’existait pas de traitement alors là, j’ai coulé comme du sirop sur la moquette.
« Vous savez comme moi que l’amour ne se commande pas, pourtant il peut subir les affres des mauvais traitements, s’émietter, se déliter et finir dans des craquements de biscuits piétinés.
La caresse de l’âme est une maladie bien plus délicate puisque l’Amour se reconnaît avant même que les lèvres des deux êtres concernés n’en parlent.
De cet amour-là, on ne revient pas, on ne se défait jamais. C’est la quintessence au sommet des sentiments qui frappe à la porte de deux paradis émerveillés.
Ma chère demoiselle vous êtes l’élue d’une chance absolue.
Quoi qu’il puisse advenir, qu’un baiser vous unisse ou non un jour à cette personne, vous serez à jamais l’un pour l’autre, la résonance inconnue de l’évidence…
Vous venez de contracter le plus délicieux état que l’on puisse en ce monde subir et éprouver… Un état, un éden, un jardin secret qui dans une vie entière, ne peut advenir qu’une seule fois… à la condition de faire assez de pas pour se trouver au moment où la magie opèrera et vous enchantera.
Pour vous, je ne peux rien faire si ce n’est de vous souhaiter de tomber à la renverse.
Je vous laisse quitter mon cabinet et oublier son adresse.
Allez, volez, vivez et abandonnez-vous à la grâce qui vous est offerte en réponse à toutes les prières d’amour que vous avez depuis toujours envoyé dans le ciel.
L’heure est venue de prendre votre passeport pour le bonheur».
Elody