LE VIDE

Face au vide, j’ai tendance à perdre l’équilibre.
J’ai beau avoir apaisé les démons de l’abandon qui pesaient sur moi de tout leur poids, la sensation de manque est toujours là.

Je vis avec elle comme avec une ombre, une étole posée sur mes épaules qui ne m’étrangle plus.
Je sens le tissu serpent glisser sur ma peau nue et je tente de calmer les doutes de l’ego, car c’est lui l’insupportable caractériel qui n’en fait toujours qu’à sa tête.

C’est lui qui voudrait tout contrôler, faire que je ne me sente plus complète et que je cède à ces spectres qui voguent en apnée dans l’inconscience de ma tête.

Surmonter le vide, la peur de l’abandon qui déchire, c’est mon défi pour cette vie.
Je réalise qu’en toute situation c’est lui qui s’approche de moi et qui me dit tout bas :
« Regarde en bas, sens l’aspiration… rejoins-moi ! »

Je n’ai plus envie de céder à ses caprices qui font crisser l’harmonie que tous les jours j’œuvre à m’apporter et à maintenir.
Pour mieux me comprendre, j’écris… c’est ce que j’ai toujours fait.
Ça m’aide à défaire tous les fils qui s’emmêlent pour ne plus retomber là où j’ai déjà trop chuté.

Le vide provoqué par le manque est un déficient émotionnel, un manipulateur qui guide avec des convictions aussi noires que le plomb avec lequel il te retient le cœur dans le néant.

Moi je veux être libre, m’affranchir de ces conditionnements inutiles qui pourrissent tout le travail intérieur que je fais, et voler !

Plus que pour un régime, il me faut beaucoup de volonté et assez de joie à m’injecter pour y arriver… mais le fer de mes envies est un alliage secret composé de tout ce que j’ai déjà traversé.

Alors viens l’abandon, si tu as encore le courage de me défier !
Viens le vide, si tu crois encore pouvoir me pousser et me faire chuter !
Quant à toi le manque, tu ne sauras plus me prendre ce que tu m’as déjà arraché…
Tu vois, l’acharnement ne paye pas… viendra un jour où comme lui tu disparaîtras, et crois bien que c’est moi qui t’enterrerais.

Elody