LES GENS QUI SOURIENT SOUS LA PLUIE
Je n’aime pas la pluie, je ne l’ai jamais aimée,
Peut-être parce nous avons trop vécu ensemble,
Et que sa façon de tomber grise mes pensées.
Désormais je vis près de la mer, il y fait beau plus souvent.
Plus qu’un appel, comme un repère, ma vie est ici maintenant.
Mais lorsque les nuages couvrent le bleu du ciel,
Je voudrais les dépasser,
Courir au-dessus d’eux, pour rattraper le soleil qui renaît.
Alors comme c’est impossible je déprime, il n’y a rien à faire,
Tout est triste et je n’espère qu’une seule chose,
Que le beau temps revienne.
L’autre jour j’ai rencontré une fille étrange,
Elle semblait triste en l’absence de nuages.
Elle portait au-dessus de sa tête, un parapluie pour se protéger de la lumière.
On s’est croisé dans la rue, on s’est regardés et je lui ai souri.
Elle ne m’a rendu qu’un regard empathique,
Voilé d’un désespoir que je n’ai pas compris.
J’ai pensé combien c’était dommage, cette fille était vraiment jolie.
Un sourire qui aurait éclairé son visage l’aurait rendue plus belle encore.
J’ai continué mon chemin interloqué,
En pensant que cette fille devait être un peu fêlée.
Mais ce matin, il pleut,
Et c’est moi qui me protège de ce parasite humide avec mon ombrelle imperméable.
C’est à n’y rien comprendre,
Dans la ruelle du bord de mer, elle est là encore.
Elle ne porte rien au-dessus d’elle,
Elle est mouillée de la tête aux chaussettes.
Lorsqu’on se croise, elle m’adresse un sourire d’une lumière irréelle,
Si bien que mon pied butte sur un pavé et que de tout mon long,
Je finis allongé dans une flaque, le nez en premier.
Mon accessoire à parer la pluie est à terre lui aussi,
Mais elle est là, elle s’est accroupie.
Elle rit, amusée de moi et elle m’allume le cœur en faisant vibrer les cordes de sa voix.
Elle m’aide à me relever et je ne vois que ses lèvres,
Qui dessinent un croissant de lune étincelant de bonté.
Des lèvres fraîches, fragiles et mouillées,
Une bouche tendre faite pour un baiser.
Une fois sur mes pieds, je ramasse mon arme anti-humidité,
Mais je suis trempé et gelé,
Une sensation que je déteste et qu’elle, semble aimer.
Elle tient ma main avec tendresse, avant de la récupérer pour me saluer.
Elle reprend sa route dans le sens inverse au mien,
Ses cheveux dégoulinant sur son visage jusqu’à ses mains,
Et voilà qu’elle danse en tournoyant sur elle-même,
Le menton levé, les yeux fermés et les doigts ouverts vers le ciel.
Je sens que je suis encore en train de tomber,
Mais dans un état qui me réchauffe.
Je tiens toujours mon parapluie au-dessus de ce qui me reste de matière grise,
Et l’eau coule et dégouline en larmes sur mes joues.
Je ne peux repartir.
Je la regarde s’éloigner comme une enfant qui saute dans les flaques,
Je la regarde sourire aux nuages, à l’eau sur son visage.
Je n’aime toujours pas la pluie,
Mais j’aime les gens qui lui sourient.
Ils donnent à ces journées grises un peu de couleurs à peindre dans nos vies.
Mais une chose est certaine,
J’attendrai désormais ces jours où le ciel pleure de nostalgie,
Avec une impatience nouvelle.
Celle de croiser mon inconnue et son sourire aux merveilles,
En espérant pouvoir le cueillir pour le semer dans mes rêves.
C’est magnifique, moi qui adore la pluie je me suis complètement imaginée dans l’univers de ton récit
Full love ♡