L’INDÉCIS
Elle ne sait plus quoi croire, elle ne sait plus quoi penser. Elle aperçoit distinctement les limites où tout disparaît. Il change de phrases dès qu’il change d’idées, il change de sentiments dès que la peur réapparaît.
Il passe des joies intenses aux plus terribles rejets…
C’est l’indécis !
Il se reconnaît à son côté bancal, parce qu’il tangue entre son mental et son âme, sans jamais savoir à qui des deux il doit remettre son cœur et toutes les flammes qui l’embrase.
L’indécision est déjà pourtant une réponse. Quand on ne sait pas, quand on ne sait plus où on en est… c’est que le courant d’air passe entre plusieurs portes, qu’il s’engouffre dans le couloir de plusieurs réponses qui demandent de se poser les bonnes questions… les vraies.
L’indécis est pris entre les parois de sa conscience. La vie parle et il bouche ses oreilles croyant encore qu’il s’agit de hasards, de coïncidences, de synchonicités improbables.
Il n’est pas attentif aux signes, parce qu’il pense à tort pouvoir les fuir.
Il ne sait pas que la Vie ne fera que lui montrer là où il doit aller… à sa manière.
Refuser de la suivre n’est pas refuser un simple fantasme… c’est refuser d’emprunter le chemin qui ramène à soi-même… sur les rivages du verbe Être.
Peut-il seulement comprendre ça ?
L’existence se fiche de savoir si l’indécis est prêt… elle lui propose seulement des choix, elle offre à son libre-arbitre des possibilités pour lui permettre d’évoluer.
Elle ne conçoit pas le monde comme lui, restreint et compliqué… plombé dans les conceptions humaines dont elle se moque… parce que les objectifs à atteindre sont pour chacun bien plus grands que l’ego si peu pensant.
L’indécis fatigue ceux qui l’attendent.
Il se prête aux exercices des listes, des poids qui pèsent dans la balance et qui n’ont pour conséquences que de le perturber davantage.
Le déséquilibre le paralyse, il n’ose plus bouger en se persuadant toujours que quoi qu’il fasse, il finira par tomber.
Sans vraiment le vouloir il blesse ceux à qui il donne des espoirs dans ses rotations incessantes.
Il est souvent triste en définitive parce qu’il ne s’écoute pas… et cela lui est impossible… il a perdu les câbles de cette connexion indispensable pour savoir Qui on est et Où on va.
L’unité de sa prise de mesure s’annule.
Il soulève et ne conserve que les aspects qui l’intéressent et qui finissent par le convaincre… il oublie malheureusement d’anticiper le coup d’après, toujours coincé dans les paradoxes du court terme.
Il est difficile d’attendre des réponses de pareille personne sans signer un pacte de souffrance avec l’incohérence qui passe du Oui au Non au rythme de ses contradictions.
Il ne reste alors que des larmes pour soigner la douleur de la sincérité confiée en espérant qu’il la voit et qu’il la regarde… Il ne reste que cette déception violente d’avoir voulu le croire, avant qu’une fois encore la girouette se ravise et se remette à tourner… en vous donnant la sensation d’être un papier sans importance à mettre à la poubelle après l’avoir broyé.
L’indécis (s’)épuise.
Mais à tout, il ne faut pas oublier de laisser l’espoir à l’éveil, un appel qui deviendrait plus fort que toute l’inutilité de ne pas savoir trancher le superficiel.
Une lueur qui lui dirait :
« Où se trouve vraiment le chemin lorsqu’on savoure autant le bonheur, comme tu le fais… si bien ? »
Cet éveil n’aura pas d’aube.
À tout cela, elle ne rêve pas… tout cela la déçoit terriblement.
Elle raccroche les gants et c’est peut-être mieux comme ça.
C’est celui qu’elle voyait en lui qu’elle voulait découvrir. Celui qu’elle a rencontré n’avait ni la carrure ni le courage pour prendre les clés du bolide qui pouvait le conduire vers la plus belle des aventures…
Mais c’est ainsi, l’indécis subi… il n’est et ne sera jamais le pilote de sa vie…
Il n’est et ne restera que le spectateur perdu dans un théâtre qui aurait pu être enchanté… le spectateur perdu dans un spectacle qui ne lui appartiendra jamais.
Elody