L’OISEAU SEIGNEUR DE LA MONTAGNE
Connaissez-vous l’histoire de l’oiseau seigneur qui vit dans la montagne au delà de la rivière ?
On dit que les plumes de son dos sont bleues et qu’elles se fondent de violet sur l’extrémité de ses ailes.
Il parle avec sagesse de la joie qui reviendra peut-être un jour dans le coeur des hommes.
Il dit que le temps est venu de poser les pierres et tendre des liens avec le royaume des humains.
Le soleil venait à peine d’éclore.
Le voyageur était lassé d’une longue et pénible marche sur le sentier lorsqu’il se présenta devant l’oiseau.
- Regarde le ciel ce matin, n’est t’il pas le plus beau de tous ? Observe d’ici la vallée et les terres d’où tu viens dans la lumière… Ne te semblent-elles pas minuscules ?
L’homme ne disait rien.
Puissiez-vous un jour comprendre que vous n’êtes rien, sinon des fourmis dotées d’intelligence sans l’utiliser pour faire le bien…
Prends du repos. Désaltère-toi de l’eau qui s’écoule des veines de la terre reprit-il et dis-moi si elle n’a pas le goût de l’existence toute entière ?
Cette eau millénaire est plus précieuse et plus pure que tout l’or du monde.
Le voyageur, tête baissée écoutait sans troubler son attention de pensées.
Reviens dans trois jours et je t’écouterai.
Pars regarder un sourire, créé en un et seulement reviens me voir pour me raconter. En retour je te donnerai le secret pour lequel tu as tant marché.
L’oiseau s’envola.
Trois jours plus tard l’homme revint au pied de l’arbre. L’oiseau seigneur méditait sur la plus haute branche.
Sans l’interrompre, l’homme patienta sans troubler son hôte.
Les minutes qui passèrent devinrent des heures. Le maître de la nature leva enfin son regard dans sa direction en déployant son corps et ses plumes en révérence de respect.
As-tu rempli ton objectif voyageur ? Ramènes-tu le sourire que je t’ai demandé ?
- Je ne sais pas… répondit l’homme gêné. Il retira le bandeau qu’il portait sur ses yeux mutilés.
Je ne sais pas si vous êtes un aigle ou un colibri oiseau seigneur, je ne saurai pas distinguer l’un de l’autre.
Je ne sais pas si ce soleil est le plus beau, ni à quoi ressemble l’existence pour donner mon avis sur l’eau, mais je sais son goût et sa fraîcheur divine.
Je ne peux pas voir un sourire, mais je sais l’entendre. Je sais à quoi cela ressemble… c’est un éclat de voix qui dépose une caresse enchantée sur le coeur. J’ai entendu sourire les voix des enfants et les paroles des plus grands.
L’oiseau seigneur le regardait intensément.
- Comment es-tu arrivé jusqu’à moi mon ami ?
- J’ai demandé de l’aide dans tous les villages que j’ai traversé. J’ai croisé la gentillesse et la bonté… j’ai eu chaud la nuit et j’ai mangé à ma faim tout au long de mon chemin.
Je n’ai pas pu voir les sourires, mais mes oreilles ont pu les toucher… En retour, j’ai offert le mien. - Pourquoi es-tu venu jusqu’à moi ?
- Dans l’espoir de connaître le secret pour garder le Bonheur monseigneur ?
L’oiseau sourit.
- Le secret que tu cherches est déjà à l’intérieur de toi. Tu ne peux que le cultiver, le semer, le moissonner et le transmettre à ton tour.
Vois-tu les choses faites sans amour, même les plus infimes sont insipides, elles s’envolent dans la vie qui ne les retient pas, elle n’en a pas besoin.
Dans votre monde, beaucoup de tes semblables n’accordent pas d’importance à ces valeurs. Ils se moquent et ridiculisent l’essentiel qu’ils cherchent pourtant comme des mineurs dans les cavités insondables des sentiments.
Si dans le coeur de tes frères, tu multiplies cette graine, alors le bonheur n’aura plus de fin et nous vivrons en paix.
Ce n’est pas la bêtise qui rend les hommes mauvais mon ami, c’est leur ignorance de croire qu’ils savent tout.
Vas, vis et ne reviens que si tu ne sais plus sourire… en ce cas seulement, je soignerai ton âme.
Elody