REGARDER TOMBER LA DAME
Il a suffi d’une étincelle, d’une seule petite flamme venue lécher le bois millénaire de ta charpente et tu t’es embrasée comme un géant au Carnaval des Fous.
Devant l’irréel, dis-moi quel homme peut rester debout !
Tes gargouilles inanimées ont assistées impuissantes à la haine sans âme de ce ravage qui a arraché en quelques heures un monument à notre Histoire.
Le ciel de Paris s’est embrasé dans sa peine, le ciel nous est tombé une nouvelle fois sur la tête.
On a regardé le feu prendre ce que les bâtisseurs ont mis leur vie à édifier, on a regardé le monde fondre dans nos bras et ensemble on a pleuré.
Au lever du jour, au pied de la Seine brumeuse, Quasimodo implore le droit d’asile que tu ne pourras plus donner à sa bohémienne… Toi qui a vu passer les âges, toi qui a vu couronner les Rois, toi qui plus qu’un symbole représentait presque l’éternité entière.
Victor Hugo du fond du Panthéon s’effondre sur son mythe de papier.
La fiction d’un incendie improbable, s’est transformée en bien triste réalité.
À présent, tu es un tombeau à ciel ouvert tapissé par la suie, caressé par la pluie.
Dans la lourdeur du poids des cendres, il faudra nettoyer et reconstruire ce que tu ne seras jamais plus.
Il est des catastrophes pires que celle-ci c’est vrai, mais est-il vraiment possible de comparer l’incomparable ?
Est-il vraiment possible de se distancier sans oublier et trahir notre devoir de mémoire ?
Ce 15 avril 2019 restera dans les livres comme le jour qui a vu tomber la Dame de Paris… comme la page qui s’est écrite en regardant fléchir la Dame de tout un pays.
Elody