SI ON M’AVAIT DIT
Si un jour on m’avait dit que la fille de mes rêves débarquerait dans ma vie à la manière d’un ouragan de pétales et de paillettes, je n’y aurais jamais cru. Une fille à part, larguée entre ici et l’infini… tiraillée entre ses désirs et mon sens des réalités trop précis.
Si on m’avait dit que je pouvais tomber amoureux rien qu’en l’écoutant rire, rien qu’en la regardant… les yeux brillants de toutes les étoiles qu’elle était capable d’allumer en moi…
Si on m’avait dit que je risquais l’impossible indifférence… je n’aurais pas eu le courage de l’aborder… peut-être pas même celui de l’envisager comme je l’ai fait. Je me suis fait cueillir comme un pissenlit sur lequel elle a soufflé… et chaque parapluie de graine s’est envolé pour se planter là où je ne saurais jamais… elle est là partout… toujours à mes côtés.
Elle est le sucre, la pâquerette, le flocon de rêve, la rivière… et puis elle est ce feu et cette fièvre qui me bouleversent, ce tempérament et tous ces ballons rouges qui s’élèvent pour ajouter de la passion dans le ciel.
Elle est l’indicible, l’impossible… elle est ma dose d’optimisme, elle est l’unique, l’inadmissible… j’ai craqué comme une allumette qu’elle a gratté dans du miel, ce jour où elle est sortie derrière un rayon d’ambre, au milieu de la douceur de l’hiver.
Oh oui je sais, vous devez sans doute m’envier, me trouver chanceux et peut-être même un peu culotté de vous afficher tout mon bonheur d’être heureux.. mais ne soyez pas trop hâtifs dans vos certitudes, cette fille là je l’ai laissé partir… je ne l’ai pas rattrapée… je ne l’ai même jamais embrassée.
Elle avait envie de tout ce que je ne m’avouerai pas pour ne pas avoir à le réaliser…
J’ai eu peur de me jeter tout entier sur ce fabuleux trampoline et dans la vie qu’elle aurait complètement enchantée.
Ça m’a fait fuir, ça m’a fait reculer… j’ai pas dit ce que mon cœur voulait, je l’ai faite pleurer…
Sait-elle au moins que je pense encore à elle… qu’elle reste là où je l’ai laissé naître ?
Je pense que oui… Je crois qu’elle m’entend encore penser parfois. Certaines connexions ne peuvent disparaître, même lorsque les liens sont coupés.
Elle est ce petit lapin blanc qui sautille dans ma mémoire… celui qui me faisait rire, celui qui me faisait fondre avant qu’il ne s’échappe comme il était venu dans un ouragan… qui n’avait plus rien de féerique, tant il a laissé en moi de plumes et de vide.
Si un jour le vent la ramène, elle sera soignée… elle reviendra moulée d’un filtre qui ne laissera plus rien émaner d’autre que de l’amitié.
Je rêve de pouvoir encore la regarder me croquer et laisser glisser rien que dans ma tête, mes doigts le long de sa peine… entendre ses rires ricocher sur l’abîme qui s’est ouvert, le jour où j’ai dû la laisser partir…
Il y’a des choses qui peuvent se regretter une vie entière. Elle est ce rendez-vous manqué, ma bulle, la capsule d’oxygène que j’ai brisée… elle est celle que je m’autoriserai toujours à aimer en secret, tant elle a laissé en moi de lumières… tant elle est celle que je n’aurai jamais pu imaginer avant de la voir exister dans la réalité.
Elody