TA MAIN DANS LA MIENNE

Je sais si peu de choses de tout ce avec quoi tu dois vivre.
Je ne peux que tenter de mesurer la profondeur de ta peine sans pouvoir la sonder dans ses secrets les plus terribles.
Est-ce vraiment nécessaire de rembobiner tout le film pour constater que tu ne ressembles plus à ce qui t’as fait tant souffrir ?

J’ignore tout de ces chemins par lesquels tu as dû passer, ces fossés que tu traverses encore dans tes journées de mélancolie profonde…
Je ne sais pas, mais j’essaie.

Je ne peux pas mesurer ni comprendre ta douleur. Elle n’a pas de matière ni de consistance, elle ne se signe d’aucune odeur.
Elle n’a pas de teinte à diluer et pourtant les cercles se propagent à l’infini…
À la surface de ma peau qui rame dans tes larmes, je peux presque l’atteindre et caresser son âge.

Nous portons chacun le poids de notre vécu sur nos épaules qui parfois cèdent de leurs blessures trop profondes… Nous ne pouvons qu’imaginer, tenter de décrypter… mais si j’ai conscience que tu as mal comme j’ai senti ce que ça pouvait faire… alors nos mains peuvent se tendre… se toucher, se prendre et devenir socle de pierre.

Ensemble nous pouvons nous réparer, commencer à retirer les points, masser les cicatrices qui tirent encore dans leurs regrets. Si je regarde à l’intérieur de ton cœur, je verrais que je ne suis pas seule… que nos sourires maquillent nos pires souvenirs, que nos pleurs vident les puits de nos peurs et lavent les draps de nos agonies silencieuses.

On ne pourra jamais se mettre à la place l’un de l’autre. Nous ne pourrons pas recommencer, effacer les erreurs, les drames… mais nous pouvons continuer à avancer en voulant se souder au lieu de se diviser.

Qui peut prétendre être à l’aise dans la douleur hormis celui qui a peur de la quitter, craignant de vivre pire encore… plus qu’il ne pourrait y survivre ? plus qu’il ne saurait supporter ?
Comment l’en blâmer tant qu’il ne sait pas que la vie n’est que ce qu’on croit qu’elle est.

Chaque humain aspire au bonheur et à ses flocons de joie dans les yeux.
Dans le fond c’est lui qui nous guide, même si le voir s’enfuir nous terrifie et que l’imaginer partir nous mortifie durant la vie.

Il n’y a pas de règles ni de lois… chacun doit suivre la voix qui vient de son cœur… la voie intérieure qui sait, mais que la raison fait taire. Arracher la sangsue qui s’en sort sans rancune, celle qui aspire la vérité dans sa colère… laisser faire, prêter l’oreille.

Là est la lutte permanente que nous entretenons avec notre détresse et notre besoin de contrôler pour anticiper la crainte de toujours devoir tout perdre.

Laisse ta main dans la mienne… peu importe où ça nous mène.
Laisse ta main dans la mienne… offrons-nous nous un peu de lumière.      Laisse ta main dans la mienne… le sort ne prend que ce qu’on lui laisse.

Je ne sais pas combien et comment tu as eu mal… mais la roue qui tourne nous montre que le sens à suivre est à l’opposé de celui qui aurait pu nous détruire ?

Elody